Quand je marche dans la rue
Sous mes pas craque la glace
Le regard un peu perdu
Qui suis-je ? Une menace

Jolis cristaux transparents
Sur le chemin que je prends
Vous écrase ma semelle
Pauvre nature si belle

J'aime voir les veines glacées
L'hiver sur les feuilles éplorées
Prêtes à recevoir du soleil
Ses chauds rayons couleur miel

Au printemps où sonne le glas
De la saison des grands froids
Les douces fleurs se réveillent
Mais c'est chaque fois pareil

Pétales pesant de rosée
Anéantis par enjambées
Abandonnés tout flétris
Aux insectes et à la pluie

Ô lourd pas de mon engeance
Tuer avec indifférence
Voilà tout ce que tu fais
Parfois même cela te plait

Magnificences éphémères
Je vous loues un culte sincère
Il faudrait vraiment que je puisse
Vous gardez au moins en esquisses

Ô lourd pas de mon engeance
Je pleure beaucoup quand je pense
Que l'homme ne sait que détruire
Et oubli de les secourir

Parfois j'aimerais être un des ces beaux insectes
Que l'on accable injustement d'insultes infectes
Pour courir dans cette mousse verte et tendre
Et l'admirer sans l'écraser ou la prendre

J'aimerais être à hauteur des petites tiges
Pour les escalader sans qu'elles ne s'affligent
Et atteindre cette eau de pluie cachée en haut
Sans qu'elle ne s'infiltre dans ma poreuse peau

Je jalouse peut-être le petit moustique
Qui volette partout librement et vous pique
Pour pomper votre sang heureux petit vampire
Et de votre substance vitale pouvoir jouir

Ô épouvantable et lourd pas de mon engeance
La nature réclame de longtemps vengeance
Écrase-la donc temps que tu peux pleinement
Mais n'oublies pas ceci dans ton esprit dément

L'ère des hommes est vouée à la torture et la mort
Après sa chute la vie continuera encore
La Terre périra sans laisser de souvenir
Ni de toi, ni de ton douloureux avenir

Alors petit pas ridicule à l'esprit géant
Utilise ta raison intelligemment
Et veille à sauvegarder la vie la plus petite
Comme si c'était à tes yeux une pépite

(10 juin 2008)