Petit florilège de poèmes au sujet du Carpe Diem... ;) La mise en page de ce site ne me permet pas de garder la composition telle qu'elle devrait être... bouche.bmp

Saisir l’instant Saisir l’instant tel une fleur Qu’on insère entre deux feuillets Et rien n’existe avant après Dans la suite infinie des heures. Saisir l’instant. Saisir l’instant. S’y réfugier. Et s’en repaître. En rêver. À cette épave s’accrocher. Le mettre à l’éternel présent. Saisir l’instant. Saisir l’instant. Construire un monde. Se répéter que lui seul compte Et que le reste est complément. S’en nourrir inlassablement. Saisir l’instant. Saisir l’instant tel un bouquet Et de sa fraîcheur s’imprégner. Et de ses couleurs se gaver. Ah ! combien riche alors j’étais ! Saisir l’instant. Saisir l’instant à peine né Et le bercer comme un enfant. A quel moment ai-je cessé ? Pourquoi ne puis-je… ?

--> Esther Granek, Je cours après mon ombre, 1981 Poème classé dans Beauté, Carpe diem, Esther Granek, Le temps qui passe.

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Jeunesse Défais tes doigts nouant tes mains. Défais ton air un peu chagrin. Défais ce front buté, têtu. Défais tes réflexions pointues. Vingt ans c’est bien dur à porter ! Défais, défais. Sois la rosée. Sois gai matin au ciel de mai ! Défais… Te torturant d’ombres subtiles qu’en toi tu multiplies par mille, tu es ton centre, ton débat, mal dans ta peau. Ah ! pauvre état ! Vingt ans c’est bien dur à porter ! Défais, défais. Sois la rosée. Sois gai matin au ciel de mai ! Défais… Car au supplice en toi tout vire. Tu n’es zéro !… Ni point de mire !… Et pourtant, t’inventant ces pôles, tu te détestes en chaque rôle. Vingt ans c’est bien dur à porter ! Défais, défais. Sois la rosée. Sois gai matin au ciel de mai ! Défais… Qu’au fond de toi rien ne se brise ! Tes heures claires sont pages grises. Printemps morts ne renaissent pas. Défais ta barrière à la joie. Vingt ans c’est bien dur à porter… Défais… Défais… Sois la rosée…

-->; Esther Granek, De la pensée aux mots, 1997

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Le ballet des heures Les heures sont des fleurs l’une après l’autre écloses Dans l’éternel hymen de la nuit et du jour ; Il faut donc les cueillir comme on cueille les roses Et ne les donner qu’à l’amour. Ainsi que de l’éclair, rien ne reste de l’heure, Qu’au néant destructeur le temps vient de donner ; Dans son rapide vol embrassez la meilleure, Toujours celle qui va sonner. Et retenez-la bien au gré de votre envie, Comme le seul instant que votre âme rêva ; Comme si le bonheur de la plus longue vie Était dans l’heure qui s’en va. Vous trouverez toujours, depuis l’heure première Jusqu’à l’heure de nuit qui parle douze fois, Les vignes, sur les monts, inondés de lumière, Les myrtes à l’ombre des bois. Aimez, buvez, le reste est plein de choses vaines ; Le vin, ce sang nouveau, sur la lèvre versé, Rajeunit l’autre sang qui vieillit dans vos veines Et donne l’oubli du passé. Que l’heure de l’amour d’une autre soit suivie, Savourez le regard qui vient de la beauté ; Être seul, c’est la mort ! Être deux, c’est la vie ! L’amour c’est l’immortalité !

--> Gérard de Nerval

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L’olive

IV

Si notre vie est moins qu’une journée En l’éternel, si l’an qui fait le tour Chasse nos jours sans espoir de retour, Si périssable est toute chose née, Que songes tu, mon âme emprisonnée ? Pourquoi te plaît l’obscur de notre jour, Si pour voler en un plus clair séjour, Tu as au dos l’aile bien empennée ? Là, est le bien que tout esprit désire, Là, le repos où tout le monde aspire, Là, est l’amour, là, le plaisir encore. Là, ô mon âme, au plus haut ciel guidée, Tu y pourras reconnaître l’Idée De la beauté, qu’en ce monde j’adore.

--> Joachim Du Bellay

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