[image: William-Adolphe Bouguereau]
Amour, Amour, où es-tu passé?
Amour, Amour, oui tu m'as laissée:
Parti, envolé, disparu, emporté
Loin de moi, loin de nous,
Loin de toi, loin de tout,
Parti, soufflé, foutu, tué.
Amour, Amour, tu m'as fuie,
Amour, Amour, pour la vie,
Loin, retour impossible,
Loin, retraite paisible:
Parti souffler,
Parti oublier,
Parti aimer
La solitude éternelle,
L'absolution charnelle.
Parti demeurer
Dans un havre blême,
A Avalon même,
Cueillir d'autres pommes,
Interdites aux Hommes,
A l'arbre qui sème
La connaissance suprême
Au sein des fous ouvriers
Des plus grandes contrées.
Amour, Amour, tu me laisses stérile
Au milieux de maints et maints périls,
Mais je te connais
Et aucun pleur,
Aucun couplet,
Ne vaux ton coeur
Empli de gloire,
Empli d'espoir,
Généreux en ton temps,
Heureux en ton sang.
Reviens-moi !
Reviens-toi !
Briller avec éclat,
Resplendissant état,
Armure dorée des beautés
Où oncques Pénélope oncques Psychée
Ne trouvent reflet plus vif,
Ni plus de force, ni plus d'honneur,
A ressusciter âmes et coeurs.
Par ta flèche en bois d'if,
Rouvrir plaie
Devoir t'es fait.
En mon être retourne donner vie,
A mon âme redonner envie,
En mon coeur insinuer l’élan
Nécessaire aux sentiments.
Amour, Amour, je t'entends,
Amour, Amour, il est temps:
Reviens-moi !
Reviens-toi !
Près du souffle, en l'essence,
Près du corps, pour les sens,
Retourne en ton heureux séjour
Dans ta chambre de velours,
Redonne-moi confiance,
Recharge ma conscience:
Aide-moi, aime-moi,
Fais-moi aimer,
Aimer de toi,
Aide-toi, aime-toi,
Fais-toi aimer,
Aimer de moi,
En un échange
Où rien ne change,
Si ce n'est ce baiser,
Artisan abyssal
De la destinée.
Ô animal !
Puissé-je enfin t'éprouver
A nouveau contempler
Ta splendeur insolente
Sans tes rêves qui me hantent
Reviens-moi !
Reviens-toi !
Je t'aime sans limite:
Aimer aimer au bout du monde,
Aimer aimer toujours plus vite,
Amour telle une onde,
Je t'aime sans frontière:
Bonjour demain, adieu hier !
Je t'ai repoussé longtemps
Aujourd'hui je t'attends.