Au second semestre de lettre modernes, j'ai étudié l'érotisme en cours. J'ai lu quelques livres sympathiques (ou pas XD) sur le sujet et je me suis forgé une idée bien précise qui sépare correctement les comportements, l'érotisme et la pornographie. Voilà quelques unes de mes réflexions sur le sujet:

Dangereuses dérives...

Les dérives qu'entraînent vite les plus insipides sensations sont trop rapidement les bourreaux de la tendresse, de la douceur, de la confidence et de la considération de l'autre, et qui forment pourtant le vrai Amour.

Faiblesse Les amants ne doivent jamais perdre de vue la totalité de l'autre: son corps, désirable, n'en est pas moins fragile. La grâce de la peau et des muscles, la douceur apparente de la chair blanche en émoi, la fougue désordonnée de la chevelure et le feu dans le regard ne doivent pas faire oublier que l'être humain est faible, fabriqué d'os et de sang, articulé selon des équations intouchables et pâmé de douleurs si l'on s'égare dans un comportement brutal entraîné par la puissance de la volupté. La santé, physique et mentale, de l'être aimé doit prévaloir sur les désirs et les sensations du corps.

Sans_titre_3.bmpOubli La grande faute que l'on commet aisément est l'oubli de l'autre. Le respect est présent d'apparence et de mot, mais à partir de l'instant fatidique où l'on oublie le plaisir de l'être tendre et cher pour ne penser qu'au sien propre, le respect s'efface derrière l'égoïsme pur et simple. Faire l'amour n'est pas seulement un acte physique. L'Amour n'est entier que lorsqu'il y a la pensée. La remarquable sensation de ne faire qu'un, l'agréable songe que l'on est deux, l'idée même d'être juste présent avec l'autre sont des sentiments importants. L'intérêt doit être le plaisir de l'autre et de soi-même dans une union magnifique et pensée en termes de mots doux et de tendres perspectives qui vont au-delà de l'acte. L'avenir doit être considéré, la volonté de plaire et de contenter parfaitement l'être aimé doit prévaloir sur l'assouvissement d'un désir mécanique. Rien n'est pire dans l'amour que d'être aussi froid qu'une machine. Rester poupée de cire dans les mains de l'autre, n'être à ses yeux que délice de chaleur et de formes, la conscience intérieure oubliée: tout cela ne mène qu'au plaisir solitaire et à la négation de la vie. Quel intérêt de rester seul quand l'on peut être deux? Égoïsme, assouvissement: la malsanité n'est pas difficile à atteindre.

Fantasmes: sensualité, érotisme et pornographie

Amour a conçu l'Homme pour qu'il utilise son intelligence au profit de sa survie et de son plaisir, buts de ses recherches intensives qui tendent depuis toujours vers le bonheur. Aussi, toujours plus inventif, très rapide à la compréhension des systèmes qu'il porte en lui, l'être humain imagine des outils pour gagner en confort comme il imagine des jeux afin d'obtenir ce que sa chair réclame si ardemment. La sensualité devient alors suprême et délicieuse. La force d'Amour nous fait trembler et soupirer, la douceur apporte à nos corps languissants toute la tendresse de belles et simples caresses. Sentir tous les pores de la peau, ses petites imperfections, rencontrer chaque parcelle de l'être aimé pour garder en mémoire et en son cœur tous les contours, les tours et les détours de ce dernier...ainsi l'érotisme est né, la volupté en a été décuplée subtilement, amoureusement, proprement et respectueusement. Le désir peut être suscité sans danger et sans mal lorsque l'on aime assez. L'ardeur mêlée à la patience, la jouissance mise en attente et pourtant déjà présente dans les gestes posés et nimbés de coton de son ou sa partenaire, l'étroite complicité animée de l'idée même de l'acte qui suivra suffit normalement à combler d'avance les amants. Baisers enflammés, regard incandescents, papillons de caresses discrètes sur les écrins secrets, réceptacles merveilleux de la vie et de la joie, dissimulés aux yeux du monde par la pudeur, générée à la fois pour atténuer les désirs et pour les susciter plus sensuellement. Seulement, si l'Homme a été capable de trouver les endroits clé chez l'autre et s'il a su apprendre à maîtriser l'art de l'amour, il s'est aussi laissé aller à la débauche la plus totale. Lone_rose.jpg Même si l'on accepte parfois certaines choses, il ne faut pas croire que cela est normal. La nature ne nous a pas conçu dans le but de jouer avec la vie mais bien de la perpétuer dans l'harmonie, c'est ainsi que nos corps ont été conçus de telle manière que chaque organe possède sa propre fonction. Le poumon filtre l'air que nous respirons, le cœur filtre le sang qui coule dans nos veines, les yeux sont faits pour voir et les oreilles pour mieux recevoir le son cueilli ensuite par le tympan. Pourquoi chercherions-nous à pomper l'air avec notre cœur? Pourquoi ne gorgerions-nous pas nos poumons de sang? Il semblerait que la nature leur ai donné un seul rôle et que chercher à aller contre ne ferait que nous tuer. Le corps a ses limites que l'on peut dépasser, l'être humain a ses perversions qu'il peut faire assimiler, mais si se prêter à toutes les expériences peut procurer un plaisir rare et étrange, nous ne restons pas moins un être de pensée, réglé sur une morale longuement étudiée et sur des règles intuitives qui peuvent nous briser ensuite. Certes, nous ne mourons pas de débauche et d'actes irréfléchis conduits seulement par quelques esprits attirés par l'inconnu, les nouvelles sensations et l'interdit, mais la jouissance passée, le désir assouvi, il ne restera plus rien qu'une satisfaction partielle, seulement corporelle et la honte si ce n'est la conformation dans son égoïsme. Où est donc passé l'Amour? Ces actes sont-ils réellement conduits par la flèche de Cupidon? L'être aimé est-il toujours considéré comme une entité vivante, armé de conscience et fragile ou bien est-il seulement passé du stade d'être à celui d'objet? N'est-il plus tant un corps, simple réceptacle du débordement du désir, plutôt qu'une vie et un esprit, réceptacles de la plus grande tendresse et du respect de l'autre? Même si les amants sont d'avis commun, même si cela leur procure des joies étranges, n'est-ce pas là détournement de l'Amour véritable, une substitution de l'acte amoureux pour un simple assouvissement curieux des sens? L'art, les médiats, les mœurs légères et l'attrait particulier pour ses pratiques ont à la fois fait naître une véritable industrie du sex et en sont issus. C'est un cercle vicieux qui ne cessera jamais d'exister et qui pervertira toujours un peu plus les esprits en faisant croire que tout cela est normal, que cela est excitant donc forcément bon: c'est ainsi que naît la pratique pornographique.

Danger: psychologie et sex

crane.jpgLe danger de ces pratiques n'est pas immédiat. Il est évident que l'on ne meurt pas de ces dernières (excluons les réelles débauches, violentes et inhumaines, sado-masochistes, scatophiles, zoophiles et nécrophiles dont nous ne parlerons pas ici, de même que les dangers des maladies sexuelles facilement transmissibles lorsque l'on ne se protège pas et qu'il ne faut jamais oublier). Ainsi, l'on pourrait croire que tant que l'acte est à deux, accordé, il est normal, sain et juste plaisant, mais n'oublions jamais qu'avec du recul les esprits restent marqués de certaines choses. De plus, le second danger après la psychologie humaine est que l'assouvissement trop régulier des plaisirs, en solitaire, en couple, mais surtout en dehors des principes de l'Amour, conduit inévitablement à la perte de ces mêmes plaisirs. Tout devient normal, blasant, facile, répétitif. Si l'on se lance dans la recherche de nouvelles pratiques et que l'on dépasse la sensualité pour accéder à la brutalité et d'écœurants rites, c'est que l'on a déjà dépassé le stade d'Amour. Aussi n'est-il pas exagéré de penser que l'on en arrive à de pareils troubles qu'à partir du moment où faire l'amour n'est plus Amour mais Sex.

Abus: l'ennui

L'innovation est importante pour éviter cet état de blasement, bien entendu l'exclure totalement serait idiot, mais il ne faut pas oublier que cet état (si l'on parle d'innovations extrêmes et non d'érotisme) ne survient que lorsque l'Amour a quitté le corps de l'un ou l'autre des amants (voire des deux) et qu'à ce moment-là ce n'est alors que du sex, ou bien c'est que les deux amants ce sont oubliés dans leurs plaisirs et qu'ils ont ainsi trop demandé par concupiscence: la mesure est la clé de l'Amour, il faut savoir calmer ses désirs et ne pas faire de cet acte magnifique un quotidien obligatoire ou la menace, d'abord de l'ennui puis celle de la débauche, vient peser sur le couple et le réduit à néant ou le conduit sur le chemin de l'acte sans sentiment. Ne dit-on pas d'un vin que l'on n'en reconnaît plus le goût lorsque l'on est ivre? Ne nous dégoûtons-nous pas du plus subtil de tous les mets à force d'en abuser? Ne dédaignons-nous pas tous les objets que l'on accumule sur nos étagères à force de l'avoir trop vite remplie par de fiévreux achats? L'Amour est comme toutes les choses: à force d'en demander, d'en acheter et d'en jouir, il perd de son attrait, de sa valeur et de son goût. Ne vaut-il mieux pas s'adonner aux plaisirs de manière réfléchie et mesurée afin de jouir pleinement de la magnificence de ce que l'on recherche plutôt que de se hâter à obtenir ce que l'on cherche en bâclant les beautés affin d'accéder plus vite à l'assouvissement du désir, bref et rapidement oublié?

A vous d'éviter les Dangereuses dérives et d'aimer...